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Balzac n'est pas loin de l'idée qu'il a exprimée en « catéchisme de l'académie » de la Comédie humaine, selon laquelle les hommes sont comme des « chevaux de ballet », qui « évoluent parmi des figures et se séparent les uns des autres en passant en route »[n 34], « comme s'ils étaient des animaux décrits par le voyageur de la Suède »[234]. Mais il ne s'agit pas de la « société », c'est-à-dire de la nature sociale, comme le pensait Hegel, mais du « corps social », c'est-à-dire de la société qui s'est construite sur le modèle de la famille. C'est ce que Balzac, avec Beyle, constate à propos de la famille russe ( _voir_ chapitre « La famille », p. 256-283) : comment les principes de la famille russe, fondés sur le désir conjugal, les sentiments et l'union d'intérêts, se sont-ils diffusés dans les autres sociétés de leur temps? Ailleurs, ce sont les principes du mariage et des sentiments qui se sont diffusés, alors que dans la famille russe ce sont les principes du contrat. S'agissait-il de la « société », Balzac aurait pu s'écrier : « C'est l'inverse », mais il ne fait pas cela, parce qu'il est convaincu qu'il ne faut pas confondre la société et le corps social. Dans ses Avant-propos, Balzac fait clairement savoir à ses lecteurs qu'il ne parle pas de « société », mais de « corps social », c'est-à-dire de la société constituée par la famille[235].

Le Monde critique le livre comme un « livre de colonie ». Dans un texte publié par la revue en janvier 1909[n 34], l'écrivain Paul Bourget vante Balzac de manière générale : « Il a retrouvé le naturel, le rapport de l'homme au monde et de l'homme au monde, l'homme qu'il représentait autour de lui quand il écrivait sa Comédie humaine. » Bourget considère que, dans la jeunesse de l'auteur, il a été témoin d'une expérience mystique qui le pousse à écrire la pièce, « comme si un mouvement mystique le poussait à la littérature. »

En France, le brouhaha prend de l'ampleur avec la lecture de Ménil de Balzac par le romancier Henry de Montherlant en 1906, qui le qualifie de « père fondateur de la littérature moderne ». En 1908, le roman La Terre fait la une des journaux et ses détracteurs se convertissent à la faveur des éditions posthumes de La Comédie humaine, annonçant la popularisation de l'œuvre dans les années suivantes.

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